Sciences et Avenir Santé
Par Colombe Henrion le 24.06.2021 à 15h17, mis à jour le 15.12.2022 à 17h41 Lecture 5 min.
Au cœur de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, de nombreux termes ont pris place dans le débat public : virus, mutations, variants… Sciences et Avenir fait le point sur ces notions et les mécanismes à l’œuvre.
Les variants du SARS-CoV-2.
Virus, mutations, variants : ces mots sont omniprésents dans notre quotidien depuis 2020 et l’épidémie de Covid-19. Pour autant, les mécanismes reliant ces trois notions ne sont pas toujours faciles à comprendre. Sciences et Avenir vous explique le processus de mutation d’un virus et l’apparition de variants.
Il faut tout d’abord savoir que comme les êtres vivants, les virus sont dotés d’un matériel génétique (ADN ou ARN). Le nom complet de l’ADN est l’acide désoxyribonucléique (vous avez probablement dû l’apprendre par cœur en cours de SVT). C’est une molécule portant une information génétique (le génome), elle est présente dans le noyau de quasiment toutes les cellules, ainsi que dans de nombreux virus.
Cette molécule est indispensable au fonctionnement, au développement et à la reproduction des êtres vivants. En tant que code génétique, l’ADN permet la synthèse de protéines via l’ARN messager. De fait, la molécule d’ARN (acide ribonucléique) copie et délivre le message génétique de l’ADN hors du noyau de la cellule afin de permettre la création de protéines, indispensables au fonctionnement de nos cellules. L’acide ribonucléique tient son nom des riboses (sucres) et des nucléotides (adénine, cytosine, guanine, uracile) qui le composent.
Lorsque le virus se réplique, il peut être sujet à des modifications : ce sont les mutations. Quand il y a un échange de matériel génétique entre plusieurs virus, on a affaire à ce que l’on qualifie de recombinaisons. Comme le précise l’OMS, un variant est donc un virus porteur d’une ou plusieurs nouvelles mutations du virus initial.
Les virus se multipliant rapidement et en grand nombre, ils ont un plus grand potentiel que les organismes cellulaires à générer des mutations dans un laps de temps court. De plus, les virus à ARN, comme c’est le cas des coronavirus, ont plus tendance à muter que ceux à ADN. “Cela tient à leur façon de répliquer leur génome lorsqu’ils se multiplient, un processus qui a tendance à générer des erreurs“, précise l’Inserm. En ce qui concerne le SARS-CoV-2, le virus à l’origine du Covid-19, il est plutôt stable car il possède une enzyme nommée “exoribonucléase” qui corrige ces erreurs, ajoute l’Inserm. Ainsi il a tendance à muter plus lentement que d’autres virus, comme le VIH ou les virus grippaux par exemple.
La survie de ces virus dépend de ces mutations, ce sont elles qui vont permettre aux microbes de s’adapter à leur environnement, c’est-à-dire aux différents hôtes qu’ils infectent, a expliqué à l’AFP Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires (Institut Pasteur). “Le plus souvent sans conséquence, ces mutations peuvent aussi conférer au virus un avantage ou un désavantage pour sa survie“, ajouta-t-il. C’est le principe même de la sélection naturelle, c’est-à-dire que l’organisme le mieux adapté à son nouvel environnement sera le plus à même de survivre.
Certaines mutations peuvent ainsi permettre au virus de se répliquer plus rapidement, de s’attaquer plus sévèrement à l’organisme ou d’infecter de nouveaux organes (par exemple en infectant les poumons et pas seulement les voies aériennes supérieures). Chez le virus de la grippe, la mutation d’un gène qui commande la production d’une protéine présente à sa surface peut aussi lui permettre de se fixer plus facilement sur les cellules à infecter.
Le SARS-CoV-2, quant à lui, appartient à la famille des coronavirus (CoV). Son nom lui vient des protéines (Spike) qu’il arbore et qui forment une sorte de couronne. C’est via ces protéines Skipe qu’il réussit à infecter l’être humain : en effet, ces dernières se greffent parfaitement aux récepteurs Ace2 présents sur nos cellules. Si on se cantonne à la théorie de la zoonose (transmission du virus de l’animal à l’Homme), le coronavirus aurait infecté en premier lieu un animal, ainsi un passage à l’Homme a probablement été facilité par de premières modifications génétiques, qui lui ont permis d’être reconnu par les récepteurs humains Ace2.
Une fois la barrière inter-espèces franchie, de nouvelles mutations sont souvent nécessaires pour que le virus s’adapte à son nouvel hôte, cela lui permet d’atteindre une pleine capacité d’infection. Le risque étant qu’il devienne plus virulent et qu’il se diffuse plus facilement d’un être humain à un autre.
Certaines mutations peuvent aussi réduire l’efficacité d’un vaccin : c’est le cas si la souche pour laquelle il a été préparé a évolué entre-temps. De plus, “elles peuvent également entraîner des changements dans les caractéristiques d’un virus, comme une altération de la transmission (par exemple, il peut se propager plus facilement), ou de sa gravité (par exemple, il peut provoquer une forme plus grave de la maladie)”, explique l’OMS. De même, “plus il y a de virus qui circulent, plus ils peuvent changer“, ajoute l’OMS. Ainsi, les mutations sont difficiles à anticiper tout comme les variants qui en résultent.
Mutation Virus COVID-19 Coronavirus
Déjà un compte ? Je me connecte
Déjà un compte ? Je me connecte
Accepter et continuer
Centre de préférence
de vos alertes infos
Vos préférences ont bien été enregistrées.
Si vous souhaitez modifier vos centres d’intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.
Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?
Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :