(Julien Guillot/Alice Clair)
Le Maroc s’invite au festin ! Les grandes nations se sont taillé la part du lion en quarts de finale du Mondial 2022, avec des chocs alléchants, vendredi 9 et samedi 10 décembre, comme Angleterre-France ou Pays-Bas-Argentine, et un trouble-fête, les Lions de l’Atlas, qualifiés pour la première fois de leur histoire.
La victoire historique aux tirs au but du Maroc, mardi 6 décembre contre l’Espagne (0-0 a.p., 3 t.a.b. à 0) a bouleversé un tableau final où, jusque-là, les grandes nations avaient tenu leur rang, du Brésil à l’Argentine en passant par la France ou le Portugal, qui a écrasé la Suisse (6-1). Avec Cristiano Ronaldo sur le banc en début de rencontre, c’est le jeune attaquant du Benfica Gonçalo Ramos qui a brillé avec un triplé.
Dans la lignée des éliminations précoces de la Belgique (2e mondiale) ou l’Allemagne (11e) en phase de poules, la sortie de l’Espagne (7e) confirme que cette Coupe du monde atypique dans son calendrier, sa programmation et sa géographie réserve encore des surprises.
C’est un accomplissement historique pour le Maroc, qui égale la meilleure performance d’une nation africaine au Mondial (après Cameroun 1990, Sénégal 2002 et Ghana 2010) et peut espérer désormais un dernier carré inédit. «C’est historique pour le Maroc, c’est historique pour l’Afrique. On avait dit qu’on était venus pour représenter l’Afrique, on a vu que notre niveau avait augmenté», a savouré le sélectionneur marocain Walid Regragui.
En 2018, les quarts s’étaient résumés à un bras de fer entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Quatre ans plus tard, le Maroc a rompu ce duopole, même si le nombre de nations européennes qualifiées (5 sur 8) alimente le risque de voir la mainmise du Vieux Continent se poursuivre, comme à chaque édition depuis la victoire du Brésil en 2002.
Le Brésil et l’Argentine, bien sûr, ne sont pas d’accord. Portées respectivement par Neymar et Lionel Messi, la Canarinha et l’Albiceleste croient en leurs chances dans ce tournoi qui est sans doute la dernière opportunité pour «Ney» ou pour «Leo» d’atteindre le Graal. «La Coupe du monde au Qatar est une excellente occasion de briser la domination européenne», avait déclaré à l’AFP Cafu, ancien défenseur et capitaine des champions du monde brésiliens en 2002, avant le tournoi.
Le Brésil a impressionné par sa force offensive et sa rigueur défensive, malgré dix jours d’absence pour Neymar, touché à une cheville. L’Argentine, elle, monte en puissance après son revers initial et inattendu contre l’Arabie saoudite (2-1). Mais gare à leurs adversaires en quarts : la Croatie, vice-championne du monde 2018 et toujours guidée par son maître à jouer Luka Modric, reste est un très gros morceau sur la route du Brésil vendredi (16 heures).
Idem pour les Pays-Bas du sélectionneur Louis van Gaal, une équipe disciplinée et cohérente capable de faire déjouer l’équipe de Lionel Scaloni. Van Gaal, demi-finaliste sur le banc des Oranje en 2014, voit déjà plus loin : «Cela fait un an que je le dis : nous pouvons être champions du monde. Je ne dis pas que nous le serons, mais nous le pouvons.»
Comble de malchance pour les nations sud-américaines : en cas de qualification pour le dernier carré, Brésil et Argentine se croiseront en demi-finale pour une revanche de la finale de Copa América 2021 remportée par l’Albiceleste (1-0).
Samedi, place à un «crunch» de haute volée entre la France, championne du monde en titre, et l’Angleterre, vice-championne d’Europe. Les supporters y voient surtout un duel entre l’attaquant des Bleus Kylian Mbappé, meilleur buteur du tournoi (5 buts) et l’avant-centre des Three Lions Harry Kane, meilleur passeur (3 passes décisives). «Bien sûr, cette Coupe du monde est une obsession, c’est la compétition de mes rêves», a réagi Mbappé après son doublé en huitièmes contre la Pologne (3-1), avouant avoir «bâti» sa saison pour cet objectif, «que ce soit physiquement ou mentalement».
Les Bleus peuvent-ils devenir la première nation à conserver son titre mondial depuis le Brésil de Pelé en 1962 ? Il faudra déjà dompter les Anglais en quarts, avant de penser à une éventuelle demi-finale contre le vainqueur du duel entre le Maroc et le Portugal.
© Libé 2022
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