Depuis sa première participation à la Coupe du monde, en France en 1998, le Japon a fait d’énormes progrès. Au cours des vingt années qui ont précédé le dernier tournoi, en Russie, le pays a dépassé trois fois la phase de groupe, et bien qu’il fasse encore figure de nation émergente pour le football en Asie, l’équipe nationale a atteint les huitièmes de finale une fois sur deux. Si elle n’a jamais pu dépasser le stade des 16 meilleures équipes, tout le monde reconnaît que sa vitesse de progression est tout simplement phénoménale. Même le Mexique, les héros d’Amérique centrale, n’a dépassé la phase des groupes que lors de sa septième sélection en Coupe du monde.
Si le Japon n’occupe que la 24e place au classement de la FIFA, soit la deuxième place en Asie, la plupart des membres de l’équipe nationale évoluent en Europe. Les performances de joueurs tels que Tomiyasu Takehiro (Arsenal), Kamada Daichi (Francfort) et Kubo Takefusa (Real Sociedad) attirent beaucoup d’attention, et ils seront certainement observés avec prudence par le reste du monde. (Voir le profil des 26 joueurs sélectionnés de l’équipe du Japon)
L’entraîneur Moriyasu Hajime, lui aussi ancien membre de l’équipe nationale, s’est fixé pour objectif d’atteindre les quarts de finale pour la première fois. Une mission qui s’avérée plutôt difficile. Le Japon se trouve dans le groupe E, où se trouvent l’Espagne (classée 7e par la FIFA) et l’Allemagne (11e), deux des favoris du tournoi. L’équipe du Costa Rica (classée 31e), qui a également gagné son ticket pour le Qatar, avait atteint les quarts de finale de l’avant-dernier tournoi au Brésil. Sa solide défense donnera certainement du fil à retordre au Japon.
Mais une percée n’est jamais à exclure. Trois points principaux qui peuvent aider à y parvenir.
À la différence des Coupes du monde précédentes, la période de préparation est très courte. Les principaux championnats européens, y compris la Premier League anglaise, seront interrompus après les matchs des 12 et 13 novembre, avant le début de la période de la Coupe du monde. Le premier match du Japon contre l’Allemagne (23 novembre) a lieu dans quelques jours. Or, Moriyasu voit cette situation comme plutôt positive :
« Les joueurs japonais savent s’adapter et coopérer en fonction de la situation qui se présente à eux. Ils peuvent rapidement se dessiner une image commune. Je pense que le manque de temps de préparation peut être transformé en avantage. »
Le Japon a toujours été confronté aux défis des voyages longue distance et des fuseaux horaires lors de sa dernière campagne de qualification asiatique. La majorité des joueurs évoluant en Europe, le court temps de préparation après le rassemblement a rendu les performances lors du premier des deux matchs consécutifs un peu lentes à se mettre en place. Cependant, lors du match à l’extérieur contre l’Australie en mars, alors que la qualification pour la Coupe du monde était dans la poche, l’équipe a fait preuve d’une attitude agressive tant sur le plan offensif que défensif, et ont gagné 2-0. L’équipe a surmonté les inconvénients de la courte période de préparation en fournissant à chaque joueur des informations de prise de marques à l’avance.
Cela pourrait conduire à une bonne surprise face à une équipe allemande supérieure. Une surprise dans le premier match serait une excellente chose, mais un bon départ qualitatif dans le premier match, même si le résultat ne suit pas, sera utile dans les deuxième et troisième matchs.
Lors du deuxième match (27 novembre), le Japon affrontera le Costa Rica, une équipe rapide et solide emmenée par le gardien Keylor Navas, puis ce sera l’Espagne lors du troisième match (1er décembre), dont les jeunes comme Pedri, Eric Garcia et Ferran Torres sont en pleine ascension.
Contre les équipes supérieures que sont l’Allemagne et l’Espagne, on s’attend à être dominé dans la possession du ballon, et à passer beaucoup de temps en défense. C’est pourquoi, comme l’a montré le match amical contre les États-Unis en septembre, la stratégie de l’équipe sera basée sur un pressing multiforme sur le front, induisant des erreurs de la part des adversaires afin de profiter de contres courts.
Pour ce faire, il est important de maintenir une formation compacte. En gardant nos co-équipiers proches les uns des autres, il sera plus facile de gagner le ballon, en tant qu’unité organisée, et lorsque nous passerons de la défense à l’attaque, nous aurons plus de chances d’avancer en tant qu’unité organisée. Sous la pression, le risque d’encaisser un but augmente mécaniquement, et il est plus difficile de passer à l’attaque. Le point-clé est d’être capable de gagner le ballon en haut du terrain sans reculer autant que possible.
Un facteur important est la sélection des joueurs de premier choix. Contre les États-Unis, Maeda Daizen (qui évolue au Celtic), a joué un rôle majeur en se montrant capable de poursuivre le ballon même en arrière. Qui s’alignera dans l’équipe principale pour le grand jour ?
Contre le Costa Rica, le Japon devrait logiquement progresser en termes de possession de balle. Naturellement, nous devrions passer plus de temps à attaquer qu’à défendre, ce qui nécessitera une approche différente de celle de l’Allemagne et de l’Espagne.
Le Japon se montre rarement brillant contre les équipes dotées d’une défense originale. Je me souviens du deuxième match de groupe, contre la Grèce, lors de l’avant-dernière édition du tournoi, au Brésil. Ils avaient perdu leur premier match contre la Côte d’Ivoire 1-2 et n’avaient plus rien à perdre. La Grèce s’est fait expulser un homme en première mi-temps et a défendu très serré. Le Japon a conservé le ballon près de 70 % du temps, mais n’a finalement pas réussi à s’ouvrir de brèche et le match s’est terminé sur un score nul et vierge.
Comment prendre des points à un adversaire qui va se replier et se défendre pied à pied ? Pour se qualifier pour les huitièmes de finale, il faut absolument prendre trois points contre le Costa Rica, qui est moins bien classé que le Japon.
Ce n’est pas seulement le calendrier de la Coupe du monde qui rend cette édition différente des précédentes. Le nombre de membres inscrits passera de 23 à 26, et le nombre de remplacements par match passera également de trois à cinq. Les règles favoriseront les équipes les plus expérimentées, mais dans tous les cas, l’équipe qui saura tirer le meilleur parti de ses remplaçants aura des chances de remporter le tournoi. Même si les équipes décident de garder la même composition, le fait que l’intervalle entre les matchs soit de trois jours au lieu de quatre comporte un risque. Le Japon croit au travail acharné, et comme il jouera dans un groupe où il devra se donner à plus de 100 % pour passer, la fatigue sera un élément important. La meilleure solution serait de se sélectionner pour la phase éliminatoire tout en faisant tourner la composition de l’équipe à un certain point.
Contre l’Allemagne et l’Espagne, la défense sera plus sollicitée, tandis que contre le Costa Rica, l’attaque sera plus fortement mise à contribution. C’est là que Moriyasu fera montre de son talent pour sélectionner les bons joueurs pour les bons adversaires et faire varier le style de jeu. Ce qu’il demande aux 26 membres de l’équipe, c’est un esprit qui donne la priorité à l’équipe.
« Je tiens à leur permettre de montrer leurs talents individuels, mais ce n’est pas la seule façon qu’ils auront de participer. La force du Japon réside dans sa capacité à faire preuve d’individualité tout en coopérant avec ceux qui l’entourent et en faisant preuve de force organisationnelle. J’exigerai des joueurs qu’ils se battent pour l’équipe nationale. »
Si nous luttons ensemble en tant que groupe cohérent et avec un sentiment d’unité, nous aurons une meilleure chance de surmonter les difficultés.
Sur la base de ces éléments, s’il faut nommer trois joueurs-clés pour le Japon, l’un d’entre eux est sans aucun doute le défenseur central Tomiyasu. C’est un défenseur moderne qui combine à la fois puissance, vitesse et technique. En plus de mener une formation compacte, il peut également créer des occasions à partir de passes en retrait.
Il s’est blessé à la cuisse droite lors du match de la Coupe de l’UEFA contre Zurich le 3 novembre. Cette blessure est préoccupante, mais son équipe, selon le site officiel d’Arsenal, pense qu’il sera au point pour la Coupe du monde.
Le deuxième est Kamada, en grande forme actuellement, et qui a marqué pour Francfort. Surtout, il a le talent de se créer des occasions de tir dans n’importe quelle position. Il a marqué un but contre les États-Unis lors de la dernière rencontre, même s’il a également manqué quelques bonnes occasions. Mais le fait qu’il ait pu tirer autant de fois au but en dit long sur son extraordinaire talent.
En dernier lieu je nommerai Kubo, qui joue pour la Real Sociedad. Il a récemment élargi son champ de jeu, notamment en évoluant en champ ouvert, et a donné l’impression d’avoir évolué à un rythme rapide. Il est également un tireur très précis et devrait être un bon tireur de coups de pied arrêtés.
S’ils parviennent à montrer toute leur force et à se qualifier pour les huitièmes de finale, le Japon se trouvera alors devant un nouveau chapitre de son histoire.
(Photo de titre : Le onze japonais, dont Tomiyasu et Kubo [à partir de la droite], félicite Kamada [au premier plan] après le premier but du match amical international entre le Japon et les États-Unis. À Düsseldorf, le 23 septembre 2022. Jiji Press)
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