Il n’a toujours pas disparu. Bien que les contaminations soient au plus bas, le Covid-19 refait surface avec un nouveau variant, nommé Eris. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a même inscrit sur sa liste des variants à surveiller. Eris est désormais la forme de Covid la plus répandue dans l’Hexagone. Mircea Sofonea, épidémiologiste et maître de conférences à l’Université de médecine de Montpellier, livre à Capital les grandes caractéristiques de ce virus.
Quelle est l’origine de ce variant Eris ?
Mircea Sofonea : C’est une souche du Sars-CoV-2 qui a évolué. Pour rappel, il y a eu le variant Alpha en 2020, qui a laissé place à Delta, et, depuis 2021, nous sommes dans l’ère d’Omicron. Eris a acquis deux mutations d’acides aminés sur la protéine spike (la protéine ciblée par les vaccins à ARN messager, ndlr). Ces mutations caractérisent ce variant qui est désormais majoritaire depuis plusieurs semaines maintenant. Il est identifié dans 40% des tests séquencés en France, et est aussi très présent au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
En quoi se caractérise-t-il ?
Il est associé à une propriété avantageuse qui lui permet de bénéficier d’un échappement immunitaire (la moindre efficacité des défenses immunitaires, ndlr). Normalement, quand l’organisme reconnaît la protéine spike, il produit des anticorps pour s’en débarrasser. Mais avec une mutation, la reconnaissance se fait moins bien, et le corps ne produit pas autant de défenses immunitaires. D’où le développement d’Eris. On ne sait pas encore si ce variant est plus contagieux, car nous manquons de données.
Les symptômes sont-ils identiques à ceux que l’on a connus jusque-là ?
Oui, strictement identiques. Les formes graves sont cependant très rares au vu de l’immunité de la population. Et puis Eris n’est pas encore hégémonique. Il faudrait davantage de temps pour que de telles formes se développent. On sait cependant que les personnes à risques sont encore une fois les plus exposées aux formes graves. Seules les études britanniques nous permettront de connaître précisément le profil d’Eris, mais elles mettent généralement du temps à être publiées.
Qu’est-ce qui favorise la propagation d’Eris en France ?
Que l’on soit dans une phase épidémique ou non, et qu’il y ait un nouveau variant ou non, il y a forcément un déclin immunitaire à partir du quatrième mois qui suit un vaccin. Ajoutons à cela le risque d’échappement immunitaire, et enfin des conditions comportementales et météorologiques. La reprise scolaire et professionnelle, mais aussi une météo plus froide sont propices au développement d’Eris.
Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter face au développement d’Eris ?
Si inquiétude il doit y avoir, elle doit se faire de façon raisonnable dans les services spécialisés de l’État et du soin, et elle ne doit pas jouer contre nous. Angoisser une population est toujours défavorable. Et puis il ne faut pas faire preuve d’une inquiétude de principe. Ce n’est pas le premier variant, et d’autres arriveront derrière.
Cependant, la vigilance doit être constante, car plus on avance dans le temps, plus la pandémie nous semble lointaine. Cela entraîne forcément un relâchement du comportement, notamment sur les gestes barrière ou le port du masque.
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